Je fais partie de ceux qui pensent qu’on a plusieurs familles : celle que la vie nous impose et celles qu’on choisit. Je suis née avec une seule famille et au fil des années je me suis retrouvée membre de plusieurs autres. Certaines, j’en suis sûre, resteront soudées pour toujours. D’autres par contre ne sont pas immortelles. Mais je m’autorise à les appeler “famille” parce qu’elles sont faites de personnes qui, à un moment de ma vie, sont ou ont été très importantes pour moi. Je pense qu’on est formés des personnes que la vie met sur notre chemin, et que chaque personne qu’on croise laisse une trace en nous. Mais certaines inscrivent une marque plus indélébile que d’autres et acquièrent une telle importance dans nos vies qu’elles deviennent comme une seconde famille.
En septembre, j’ai rejoint une nouvelle famille. Un énorme groupe, dont la taille et l’impact qu’il allait avoir sur moi m’échappaient au moment où j’ai décidé d’y rentrer. Cette famille est un peu particulière, elle est différente des autres parce que je n’en connais pas tous les membres, mais je sais qu’on est tous liés par trois petites lettres : ESN. Erasmus Student Network. Un réseau de plus de 400 sections locales venant de la plupart des villes universitaires d’Europe. Un réseau de milliers de membres qui ont tous un même objectif: aider les étudiants Erasmus, tout faire pour que leur séjour à l’étranger soit un des meilleurs souvenirs de leur vie.
ESN a marqué ma vie de son étoile multicolore dès les premiers jours où mon aventure parmi eux a vraiment commencé. J’ai décidé d’y rentrer après être revenue d’Erasmus, parce que je voulais, d’une façon ou d’une autre, continuer l’aventure que j’avais commencée pendant mon séjour à Salamanca. Et grâce à ESN, j’ai rencontré beaucoup de personnes incroyables, aussi bien belges qu’internationales, Erasmus ou membres ESN. J’ai vécu, surtout, un incroyable premier quadri avec eux, dans cette ambiance internationale qui te fait oublier tous tes problèmes.
Début avril, j’ai eu la chance de représenter ma section à la réunion annuelle de tout le réseau ESN à Milan, comme je vous l’avais dit avant de prendre l’avion.
Cet énorme événement à Milan c’était comme être dans un autre monde. Il y a quelque chose de particulier et d’indescriptible à rentrer dans un auditoire rempli de ces gens membres du réseau, les ESNers, pour passer une journée entière de conférences et de sessions de votes. Imaginez une salle pleine de drapeaux, de couleurs, et de gens parfois habillés bizarrement juste pour représenter leur pays ou leur section. Une salle où il n’est pas anormal de croiser quelqu’un avec une peluche, parce que c’est juste la mascotte de leur section (et où il n’est d’ailleurs pas non plus anormal d’assister à des prises d’otage desdites mascottes. Oui).
Il y a quelque chose d’incroyable à voir comment toutes ces personnes peuvent passer du stade d’enfant ou d’adolescent indomptable à l’adulte sérieux qui sommeille en eux. A voir comment le jour et la nuit sont… le jour et la nuit. Et comment les événements ESN donnent vraiment une nouvelle dimension à cette expression. Parce qu’après avoir fait la fête jusqu’aux petites heures, on se lève courageusement avec seulement quelques heures de sommeil dans les yeux pour aller passer une journée de 10 heures où il faut être sérieux. Ou presque. Et tout le monde y arrive. … Ou presque.
Et surtout, plus incroyable encore, c’est que peu importe la raison pour laquelle on s’est retrouvés à faire partie du réseau ESN, au fond on est tous pareils. On a tous un grand sourire quand on parle de voyage et on adore rencontrer de nouvelles personnes. Là, on peut se mettre à parler à un inconnu sans qu’il nous regarde bizarrement ou qu’il se demande au fond de lui-même qui est cette personne bizarre qui vient lui parler tout d’un coup. En fait, on se retrouve souvent à raconter notre vie et nos rêves dans une discussion animée et passionnée avec des gens qu’on ne connaissait pas deux minutes auparavant. Et c’est normal. On vit tous dans ce monde magique qui nous a un peu ensorcelé.
Après mes 4 jours fatigants mais remplis de souvenirs inoubliables à Milan, je suis retournée quelques jours au travail avant de reprendre congé pour voir ma vraie famille. Celle qui n’est pas seulement de cœur mais aussi de sang.
Mes parents et un de mes frères sont venus ici du jeudi au mercredi. Six jours, ce qui nous a laissé le temps de (re)voir et visiter plein de choses à Barcelone.
Même si je ne suis pas toujours d’accord avec eux, ce qui crée parfois des étincelles dans la maison ou autour du repas familial, mes parents sont les personnes les plus importantes pour moi. Ils m’ont appris beaucoup et j’espère arriver à donner la même éducation à mes enfants plus tard. Ils m’ont appris à me battre pour ce que je veux. Il m’ont appris à ne surtout pas me taire quand il y a quelque chose que je n’apprécie pas et à ne pas hésiter à me lever contre ceux qui paraissent plus forts, et si certains peuvent trouver ça agaçant au fond c’est une force plutôt qu’une faiblesse. Je ne suis pas du genre à me laisser faire et encore moins à laisser des gens me marcher sur les pieds juste pour le plaisir de me rabaisser. Et ça, c’est grâce à eux.
Mes parents m’ont aussi toujours soutenue dans mes projets et n’ont jamais mis aucune barrière devant moi pour m’empêcher d’aller plus loin dans mes rêves et mes envies. Rien à voir avec une enfance gâtée pourtant. A un moment de mon éducation, ils ont su m’enseigner la limite entre faire ce qui nous rend heureux et écraser les autres pour satisfaire nos envies. Le premier étant le plus important dans la vie et le deuxième le plus abject – selon moi. Et ils me surprennent parfois à me connaître mieux que ce que je crois. Avant de rentrer à l’université, ils m’ont laissé le choix libre quant à mes études sans aucune envie de m’influencer dans mes décisions. Mais ils savaient avant moi ce que j’allais choisir d’étudier.
A l’heure de partir en Erasmus et puis de m’envoler vers d’autres horizons, ils ont toujours été derrière moi. Et quand on demande à ma mère si elle n’est pas triste d’être loin de moi, elle répond qu’elle préfère me voir heureuse dans un autre pays que malheureuse dans la même maison qu’elle. Voilà comment tout parent devrait être.
Il m’arrive de les détester très fort mais j’ai un amour inépuisable pour eux. C’est sûrement eux aussi qui m’ont appris à aller à fond dans tout, même dans mes émotions, pour le meilleur et pour le pire. L’année dernière, ils ont été là pour m’aider à traverser l’épreuve la plus dure de ma vie. Je leur ai sûrement fait peur mais si je me suis accrochée à un moment c’était pour eux.
Aujourd’hui, chaque fois que je reprends l’avion pour partir continuer mes aventures et autres périples à l’étranger, le seul pincement au cœur que je ressens c’est quand je dois leur dire au revoir. Mais si je suis ici, à Barcelone, c’est en grande partie grâce à eux. Je souhaite à tout le monde d’avoir des parents comme les miens.
On a pas mal bougé dans la ville pendant leur séjour ici. Les deux photos ci-dessus sont pour moi un endroit à voir à Barcelone : Las Arenas. Ce sont les anciennes arènes de Barcelone qui ont été transformées en centre commercial, quelques années après que la décision d’interdire les corridas en Catalogne ait laissé la pauvre arène à l’abandon. Les architectes ont gardé la coquille et l’ont remplie d’un centre commercial impressionnant. Avec, telle une cerise sur un énorme gâteau, un accès au toit où se trouvent plusieurs restaurants autour desquels on peut se balader tout en admirant la vue que la hauteur du bâtiment nous permet d’avoir. Las Arenas se trouvent sur la Plaça Espanya, c’est d’ailleurs du toit de ce centre commercial que j’ai pris la première photo de l’article.
Ceux qui me connaissent s’en doutent sûrement : j’ai pas pu m’empêcher de faire plein de photos pendant toutes nos visites. J’en posterai quelques-unes ici très bientôt. En attendant, j’ai juste envie de vous montrer les vues du penthouse que mes parents avaient loué, à deux pas de chez moi, pour l’occasion. Parce que si je pouvais avoir cette vue-là tous les jours je dirais pas non.
En bref : j’espère que vous avez passé d’aussi bonnes vacances de Pâques que moi (même si je n’ai pas eu congé pendant deux semaines d’affilée. Mais ça il parait que c’est le monde du travail).
Je vous laisse avec la vue sur la montagne du Tibidabo (dont je vous parlerai plus tard) qu’on pouvait admirer de l’appart de mes parents.