Après une journée et demie à Ljubljana, on a pris la route pour Zagreb, la deuxième et dernière étape de notre mini road trip, où nous sommes arrivés en début d’après-midi. (Et première cette fois-ci, j’ai fait une vidéo de notre voyage, à trouver en fin d’article.)
Après avoir survécu à la tension qu’impose le manque de place pour se garer dans une ville (vous connaissez aussi, non ?), avoir fait 3 fois le même petit tour en voiture dans les quelques rues qui encerclaient l’appartement pour trouver une place, et après avoir rencontré le proprio qui nous a remis les clés avec une petite lueur dans les yeux en apprenant que mon copain était brésilien (y’a des pays comme ça qui ont un effet particulier sur les gens…), nous avons décidé de résister à l’envie de rester dans notre petit appart’ douillet pour aller voir Zagreb.
Notre logement était situé à une vingtaine de minutes du centre. Mais comme on avait de la chance, c’est dans la décapotable du proprio qu’on a fait les quelques minutes en voiture qui nous en séparaient. Je pense que c’était la première fois de ma vie que je rentrais dans une décapotable mais moi ce qui m’excitait le plus dans tout ça c’est que j’épargnais 20 minutes de marche à mes petits pieds.
Il faut dire qu’on était crevés et on avait mal aux pieds. De nos semaines précédentes au boulot et de trop gambader partout dans les rues de Ljubljana, et avec des nouvelles chaussures en plus (oui je sais…).
Peut-être en partie à cause la fatigue, notre première impression de Zagreb a persisté jusqu’à ce qu’on s’en aille : on était perdus.
J’arrive souvent dans des villes sans en savoir grand-chose à l’avance. Je ne m’attends à rien, si non à voir de nouvelles choses et à avoir l’impression de vivre la ville, au moins un peu. Mes pas se laissent guider par les rues et leurs détours et moi je les suis sans rien demander d’autre en retour que de m’en mettre plein les yeux.
Mais généralement j’ai quand même un point de départ. Une place particulière, un bâtiment connu,… A Zagreb, je n’avais rien. Je voulais juste trouver le centre pour pouvoir démarrer de là. Et mes pas ont été plus durs à suivre que d’habitude. Hésitants, ils ont amené mon cerveau à se réveiller et à les questionner :
Où va-t-on, quelle rue prendre ? Vous êtes sûrs ? Où sont les choses à voir, comment faire pour ne pas manquer le principal ? Et puis d’abord c’est quoi le principal ? Vous faites quoi là les gars, moi je vous laissais la liberté du chemin et maintenant vous trépignez d’hésitation. Bon attendez je prends les choses en main, j’vais voir sur internet, ah non j’ai pas de connexion… Ou bien on suit les touristes, ils sont où les touristes, ils ont l’air d’aller par où les gens ? Non mais les gars sérieusement, vous pourriez pas marcher tout seuls un peu ?
Voilà comment on s’est perdus, au début. On s’est perdus parce que nos pas ont eu beaucoup du mal à se perdre tout seuls et nous amener vers les choses à voir. Ces choses qu’on aurait vues en se disant “là c’est bon, j’ai l’impression de voir quelque chose de la ville. Quelque chose de typique. Quelque chose dont les guides parlent.”
Il faut dire aussi que le temps était couvert. Et moi en bonne belge (hum) que je suis, le temps couvert ça a tendance à me bloquer. Et pour ne rien arranger, c’était en plein week-end de Pâques, la plupart des magasins étaient fermés et pour moi ça fait souvent la différence : les magasins fermés pendant la journée, ça m’oppresse. Non pas que s’ils étaient ouverts j’y rentrerais, mais j’ai cette impression tenace que toute ville se meurt quand les magasins ferment avant l’heure. Alors l’ambiance de la ville, je pense qu’on l’a manquée.
Au final, cependant, bien que notre itinéraire ait été hésitant, nos pas difficiles et notre esprit pas toujours avec nous, je pense qu’on a vu une bonne partie de la ville. Avec la force de la persistance. Après s’être perdus sur les bords du centre sans savoir où aller pour arriver dans le centre en lui-même, on a atterri près de la cathédrale Saint-Stéphane – dont une partie était en reconstruction.
Au détour d’un chemin, on a trouvé une place toute vide et triste sur laquelle, on le découvrira plus tard, se trouve normalement un marché animé. De là, on est tombés sur ce qui paraissait (à raison) être la place principale, la place Ban Jelačić. Avec ses grands bâtiments et son cavalier au milieu, cachés par… des petites cahotes fermées d’un marché de Pâques qui attendait d’être démonté (quand je vous dis que la ville était morte).
Sur cette place, nos pas ont trouvé le restaurant qui servait encore à manger à 16h. Un bon kilo de viande à partager à deux, le régal. Un régal peut-être un peu trop long parce que quand on en est sortis, le soleil qu’on avait réussi à avoir miraculeusement se cachait déjà derrière les nuages, pour n’en ressortir qu’à quelques timides reprises avant d’aller se coucher.
On a ensuite pris une rue bordée de grands bâtiments d’un style qui m’a rappelé Budapest. A la fin de cette rue, nous sommes arrivés à ce qui ressemble à une gare, avons décidé de virer à droite, puis encore à droite quelques rues plus loin pour nous retrouver plusieurs centaines de pas plus tard en face du théâtre national, ce grand bâtiment jaune imposant au milieu d’une petite place qu’il occupe à lui tout seul.
Quant à la vieille partie de la ville, en hauteur, on l’a découverte aussi complètement par hasard. Les pas fatigués, on a décidé de suivre une petite rue qui nous ferait prendre de la hauteur. Un “dernier effort” juste avant que le soleil se couche pour moi qui aime particulièrement les vues sur les toits. Et grand bien nous en prit, car nous y avons découvert une Zagreb bien différente de ce qu’on avait vu jusqu’à présent. Calme et tranquille (je veux dire : encore plus que dans le reste endormi de la ville), aux petites rues pavées qui nous amenaient à chaque détour vers quelque chose de mignon.
J’ai surtout aimé la vue sur la ville en contrebas et admiré l’église au toit d’ardoises unique en son genre (l’église Saint-Marc, celle que l’on voit dans les guides (!)). Mais j’ai aussi aimé découvrir des petits détails comme une dorure sur une colonne, j’ai apprécié la vue d’une vieille voiture qui collait parfaitement au lieu, et j’ai eu un petit sourire au coin des lèvres quand nous avons croisé le Museum of Broken Relationships, qu’on n’a pas eu/pris le temps de visiter. Aucun doute, j’ai aimé le peu de ce qu’on a vu de la vieille ville.
Le lendemain, on voulait participer à un free walking tour le matin. Mais le lit était trop accueillant et mon copain trop endormi, me disant “non mais on y va si tu veux, si on n’y va pas c’est ton choix” sans même ouvrir les yeux. J’ai fait le choix de le laisser dormir quelques heures de plus après toutes les courtes nuits qu’il n’arrêtait pas de se prendre au boulot.
Avant de partir, on s’est quand même rendus dans une rue dont j’avais vu le nom après quelques petites recherches sur internet, la rue Tkalciceva. Dernière vue de Zagreb avant de décider de prendre la voiture vers Budapest, où le bus de nuit m’attendait pour retourner à Prague.
Zagreb, ça a donc été des monuments importants vus au détour d’un chemin, des jolis détails au détour du hasard qui a parfois bien fait les choses. Tout ça dans l’ambiance tranquille et lourde des congés de Pâques.
On a réussi à voir pas mal mais malgré tout, j’en suis repartie pleine de doutes. A-t-on tout vu ? A-t-on manqué quelque chose d’important ? Comment cette ville a-t-elle pu me glisser de la main de cette façon ?
Et sur ces questions, je vous laisse avec une petite vidéo de notre séjour à Ljubljana et Zagreb. Très imparfaite et fait avec un programme très imparfait lui-même, mais je tenais à partager ici quelques plans filmés avec ma Go Pro chérie que je testais pour la première fois.